Saturday 27 September 2014

Marion Aicart dans "Fourbi la chambre"

 Théatre Au Bout Là-Bas
Quelques photos d'un spectacle que j'ai vu jeudi soir au théatre : "Fourbi la chambre", un texte foisonnant et riche sur la maternité servi par une actrice éblouissante, Marion Aicart. Si elle est seule en scène, elle sait se faire multiple pour exprimer les sentiments que les femmes d'aujourd'hui peuvent ressentir face aux bouleversements que l'enfant arrivant crée dans leur corps et dans leur vie. Allaitement oui ou non, temps morcelé, sentiments d'aliénation ou de révolte, inquiétudes primaires, doutes infondés, confiance en soi érodée, manque de recul et de discernement dus en partie à la fatigue, c'est le chaos qui règne. Marion Aicart, qui est aussi une jeune mère dans la vie, porte le texte avec puissance et justesse, suscitant émotion et empathie. Un admirable travail sur la la lumière accompagnée de vidéo donne rythme et couleur à la pièce, apportant une vraie dimension supplémentaire. Le texte écrit par Anne-Christine Tinel est basé sur sa propre expérience de mère ainsi que sur celles de l'actrice et d'autres femmes, paroles fortes qu'elle tisse et entrecroise avec une grande maîtrise. D'après les longues conversations que j'ai eues à la sortie, ce spectacle a ému aussi bien les femmes que les hommes, qui tous ont replongé à cette occasion dans leurs propres émotions liées à la parentalité. Plusieurs papas d'âge mûr m'ont dit qu'ils regrettaient de ne pas avoir mieux su comprendre et accompagner leur femme à l'époque où leurs enfants étaient petits.
Pour moi, un grand moment de théâtre comme je n'en avais pas connu depuis longtemps. Vivement recommandé ! Liens vers :
- La bande annonce du spectacle : Fourbi la chambre
- Le site du spectacle :  Fourbi la chambre
- La page facebook de Babouk, la compagnie 
- Le site de l'auteure : Anne Christine Tinel



Here are a few photos of a play I saw on Thursday, which I strongly recommend. Alone on stage, remarkably talented actress Marion Aicart carries a beautiful text about maternity written specially for her by young playwright Anne-Christine Tinel. What emotions stir up a woman when she becomes a mother? How does she deal with seeing her body and life completely turned over, with sleep deprivation, lack of time to herself, with the social pressure of breastfeeding, with her personal aspirations going down the drain of nappy changing and lullaby singing? From the long conversations I had with a diversity of people aftewards, both men and women were very moved by the play which brought to the surface the many emotions they themselves experienced around the time they became parents. Several middle-aged men told me they now feel sorry they weren't able to better understand and support their wife when their children were little.

10 comments:

Nathalie H.D. said...

Ce spectacle a été joué au Théatre Au bout là-bas pendant le dernier festival d'Avignon, j'ai eu la chance de le voir lors d'une séance supplémentaire exceptionnelle réservée aux professionnels. J'espère que la pièce sera jouée dans de nombreux autres lieux à l'avenir !

Michel Benoit said...

Ah, si c'est pour avoir des regrets en sortant, alors... !
(Belles photos comme d'hab.)

Thérèse said...

La derniere image est superbe et reflete bien la mosaique de sentiments et d'emotions.
C'est au moins beau de savoir exprimer les regrets... On commence a en entendre parler a notre generation et c'est bien.

Nathalie H.D. said...

LOL Bichel !

Nathalie H.D. said...

Ce qu'il y a d'intéressant c'est qu'on se dit que si les hommes de ma génération ont pensé qu'ils n'ont pas toujours fait ce qu'il fallait, on pouvait penser que les jeunes hommes d'aujourd'hui faisaient mieux... or ce n'est manifestement pas toujours le cas puisque ce texte vient d'être écrit.

Que penser alors ? Qu'il y a encore du chemin à faire dans le partage des tâches ? Oui, mais pas seulement. Il me semble qu'on ne peut s'interroger efficacement sur cette question sans questionner la société dans son ensemble : Pour les jeunes femmes d'aujourd'hui, il est clair qu'il y a une forte pression pour réussir à la fois sa vie de couple, sa vie de mère, son épanouissement personnel et sa vie professionnelle, et tout ça en se débrouillant toute seule.

La grande imposture c'est de faire croire aux femmes d'aujourd'hui que si elles n'y arrivent pas, c'est parce qu'elles n'assurent pas. En réalité l'objectif qu'on leur a fixé et qu'elles ont intégré comme le leur est inatteignable, au moins dans l'état actuel de la société. La réponse n'est pas, ne peut pas être individuelle. Elle est nécessairement sociale.

Les réponses passeraient par exemple par le salaire maternel, la multiplication des crèches et des structures d'accueil souples à horaires atypiques, par l'assouplissement du travail pour permettre plus de passerelles entre travail et vie de famille, mais au-delà de ces petites mesures, il faudrait surtout reconnaître l'éducation comme une valeur fondamentale à laquelle tous participent volontiers, pas seulement les mères, et donc développer une société de solidarité et d'entraide qui est à l'opposé de l'individualisme qui mine nos vies et aboutit au pire des schémas, la famille monoparentale pauvre.

Pas d'épanouissement possible pour les femmes sans changement des priorités de notre société.
On en est loin : on court de plus en plus vers la rentabilité à court terme, et les femmes continueront à croire qu'elles n'y arrivent pas simplement parce qu'elles ne sont pas douées, ou trop compliquées avec leurs désirs contradictoires et pour tout dire, chiantes avec leurs états d'âme.

Le théâtre a encore de beaux jours devant lui.

ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ said...

Mes bien chères sœurs,
Mes bien chers frères,
Les classes qui détiennent le pouvoir avec l'argent nous inondent de modèles, notamment par les fenêtres à décerveler (mais pas que). Elles doivent nous immobiliser dans des besoins par des envies, pour pouvoir continuer à bénéficier du revenu de la consommation.
Au fond, et on le sent dans les évènements sociaux, il n'y a pour l'instant qu'une seule sorte d'arme sociale dont nous ayons appris à nous servir : la violence.
Car nous n'avons hélas toujours pas appris à nous servir ni de notre carte électorale, ni de notre carte bleue, armes moins violentes mais sans doute beaucoup plus efficaces. (Je fais volontairement l'impasse sur les syndicats !)
Et ça, malgré les nombreuses et remarquables initiatives citoyennes, qui restent bridées.
Je vous en prie,
Mes bien chères sœurs,
Mes bien chers frères,
jetez vos télés et fuyez les hypermarchés !

William Kendall said...

I like the expressiveness that comes out in these shots. You really convey her personality.

Bob Crowe said...

These are very beautiful. It that a ribcage projected onto the actress in the second photo? Your post has particular meaning since I have watched the changes in my daughter's life in the last year and a half.

Olivier said...

superbe jeux de lumieres sur l'actrice, les photos sont magnifiques et tu donnes envie d'aller la voir.

Nathalie H.D. said...

Yes Bob it is a ribcage projected onto the actress's chest. The effect is quite striking !
This is only one of the many superb visual effects you get to see in this play. I have to say video and light play a large role in making the words more meaningful and more powerful.

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