La charité, Carpentras
Lecture à Carpentras le 14 janvier dernier. Le sourire mi figue-mi raisin du lecteur, vous en comprendrez la raison en lisant vous-même le passage savoureux qu'il venait de nous lire :
"Lorsque les affaires allaient bien (…) ma mère engageait une femme de ménage, chargée d’exécuter dans l’appartement divers travaux de propreté – ma mère a toujours eu horreur de laver le plancher (…).
Mariette était une fille au bas-ventre bien ancré dans un bassin généreux, aux grands yeux malins, aux jambes fermes et solides, et dotée d’un derrière sensationnel que je voyais constamment en classe au lieu et à la place de la figure de mon professeur de mathématiques. Cette vision fascinante était la très simple raison pour laquelle je fixais la physionomie de mon maître avec une si complète concentration. La bouche ouverte, je ne la quittais pas des yeux de toute la durée de son cours, n’écoutant bien entendu pas un mot de ce qu’il disait (…). Lorsque le professeur , flatté par mon attention fascinée, me posait parfois une question, je m’ébrouais, je roulais des yeux ahuris, j’adressais au postérieur de Mariette un regard de doux reproche, et seule la voix vexée de M. Valu me forçait enfin à revenir sur terre.
- Je ne comprends pas ! s’exclamait le maître. De tous les élèves, vous paraissez le plus attentif et on dirait même parfois que vous êtes littéralement suspendu à mes lèvres. Et pourtant vous êtes dans la lune !
C’était exact. Il m’était cependant impossible d’expliquer à cet excellent homme ce que je voyais au lieu et à la place de sa figure avec une telle perfection."
Romain Gary, La promesse de l’aube.
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Carpentras, January 14th, reading of Romain Gary's book "Promise at dawn: a memoir".
There's a fun reason for the sheepish grin you see in the first photo : the reader was going through the last words of a particularly humorous passage where the narrator recounts that as a teenager he was fascinated by his mother's maid's rear end, which he daydreamed about at school, to the point that he kept seeing it in class in lieu of his math teacher's face. He continues:
"This fascinating vision was the very simple reason why I kept fixing my teacher's face with such complete concentration. Mouth gaping, I couldn't take my eyes off him for the whole class, naturally not listening to a word he was saying. When the teacher, flattered by my fascinated attention, sometimes asked me a question, I would snort, roll dazed eyes, send to Mariette's back side a glance of soft criticism, and finally come back on earth to the tone of Mr. Valu's distressed voice:
- I don't understand. Of all students you appear the most attentive, eyes literally riveted on me, yet you seem lost in the moon!
It couldn't have been more true.
But it was quite impossible for me to tell this excellent man what I could see with such perfection in lieu of his face. "
Freely translated from
Promise at dawn (
La promesse de l'aube) by Romain Gary.